Vietnamien de coeur mais français de conviction

  Roger Pham est originaire du Vietnam. Son pays étant en guerre, à 11 ans, il a dû partir subitement pour la France. 

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Roger Pham connaît l'histoire du Vietnam par coeur. En France, il a souvent pensé à sa ville natale, Nhatrang. Mais à 11 ans, il a dû partir subitement. « Je n'étais pas préparé. Ma famille m'avait parlé d'un voyage. Je me suis retrouvé dans un orphelinat en France. Mes parents me manquaient », se souvient-il.

Cette séparation le marque profondément. Roger grandit mais garde, dans le coeur, une vraie blessure. En 1998, Roger Pham peut retourner au Vietnam. Cela fait trente-cinq ans qu'il n'a pas vu son pays. A de multiples reprises, il a demandé un visa auprès des autorités. Après une longue attente, son souhait est exaucé. Durant trois semaines, Roger parcourt le pays de long en large. « Je voulais tout découvrir », dit-il. Il n'oublie pas de faire un détour par sa maison natale. Il revoit des visages: celui de son oncle, et de ses anciens voisins.

Pérenniser la culture

Roger se souvient du Vietnam, à l'époque de la guerre. « Il y avait des militaires, des avions, des hélicoptères. » Mais, du haut de ses 10 ans, l'enfant n'est pas effrayé. « Je me sentais brave. Je voulais affronter le danger comme un homme. »

Il fait partie d'une famille de sept enfants. Ils sont quatre à partir vers la France. Michel, 12 ans; Jacques, 15 ans; Jeanne, 14 ans, arrivent à Tarbes, Garaison et Paris. Cette nouvelle étape est difficile. Roger est avec son frère Michel. Durant deux ans, il va vivre à l'orphelinat de Tarbes. Son séjour lui enseigne plusieurs valeurs. « Il fallait se battre continuellement pour se faire reconnaître. J'ai aussi appris le sens de la camaraderie, de l'honneur, de l'égalité, de la liberté et de la fraternité... ».

Deux ans plus tard, il découvre la vie de famille. Chez les Larrieu, il grandit avec de nouveaux frères et soeurs. « Nous étions traités d'égal à égal, avec beaucoup d'amour et d'affection. » Plus tard, le jeune homme fait des études supérieures et obtient son diplôme d'architecte. En 1978, la famille Pham s'installe à Paris. Roger part à leur rencontre. Pourtant, les rapports ne sont plus les mêmes. « De nouveau, il a fallu apprendre à se connaître », dit- il.

Au fil des ans, Roger Pham est toujours resté proche de la culture du Vietnam: « C'est le respect des enfants pour leur mère, le culte des ancêtres et une alimentation particulière. » Roger souhaite retourner au Vietnam durant sa retraite. « J'envisage de vivre six mois en France, six mois au Vietnam. » Aujourd'hui, il se dit « vietnamien de coeur mais français de conviction. »

Article "ladepeche.fr" PUBLIÉ LE 16/09/2001 | LADEPECHE.FR BÉATRICE ROUQUET